Beauty (skoonheid)

Oliver Hermanus | Afrique du Sud/ France | 2011 | 99 min | v.o. afrikaans | s.-t.a.

Quiconque s’intéresse au cinéma queer a vu son lot de films sur l’homosexualité honteuse, un gai dans le placard et la haine de soi-même, mais jamais de façon aussi radicale et glaçante que dans Beauty. Afrikaner et père de famille, François (Deon Lotz, magistral) est un bon bourgeois blanc, homophobe et raciste, qui, de temps en temps, participe à des orgies clandestines entre respectables pères de famille dans le placard. Tout est sous contrôle jusqu’à ce qu’il devienne obsédé par la beauté d’un jeune homme sans complexe, incarnation vibrante de l’Afrique du Sud de l’après-apartheid. Il le suit, l’épie et le traque jusqu’à ce qu’une vie de frustrations explose… Avec une mise en scène au couteau, Oliver Hermanus filme un monstre ordinaire, bourreau et victime, produit d’une société oppressante qui a encore du mal à panser ses vieilles blessures. Plus proche de l’errance existentialiste que de Mort à Venise, Beauty privilégie les silences, l’ambiguïté et le non-dit pour mettre au jour le néant d’une vie ratée. Troublant. – E. Fourlanty