Thomas Merton : une traversée solitaire | Conférence

L’écrivain Jacques Julien vous présente Thomas Merton : une traversée solitaire (Bouquinbec, 2018). Le 10 décembre marquera le 50è anniversaire du décès de Thomas Merton, ce moine trappiste reconnu comme un des auteurs spirituels les plus influents du XXè siècle. Il a aussi écrit des essais sur l’éthique et les questions morales concernant la guerre et le racisme.  Engagé dans le dialogue interreligieux, il est connu pour ses conversations avec le Dalaï-Lama et autres grands leaders spirituels.

Thomas Merton (1915-1968), né à Prades, de parents artistes, a vécu en France, en Angleterre avant de devenir citoyen américain et de poursuivre des études supérieures en littérature à l’université Columbia. Converti au catholicisme, il entre à l’abbaye cistercienne de Gethsemani (Kentucky) en 1941 et il y restera 27 ans. Après une vingtaine d’années de vie communautaire intense bien encadrée par la règle bénédictine et par la tradition, il voudra plus de solitude, afin de mener son aventure personnelle et d’assumer son propre destin. Il peut enfin s’installer dans un petit ermitage sur le terrain du monastère.

Lecteur boulimique et voyageur immobile, le jeune moine écrivain s’aventure d’abord plus profondément dans les origines du monachisme occidental. S’il en retrace l’histoire dans ses grandes lignes, il entrevoit que cette histoire n’est pas le fin mot de la question et que les origines doivent s’ouvrir en plusieurs directions, vers le Moyen Orient, puis vers l’Orient, la Chine, le Japon, l’Inde, vers le soufisme, l’hindouisme et surtout le bouddhisme. Par ailleurs, il n’a jamais renoncé à s’impliquer dans les causes sociales, comme il avait commencé à le faire à l’université Columbia, la paix et les droits civiques. Il entretient une abondante correspondance dans laquelle il exprime ses idées et de nombreux visiteurs viennent le voir et prendre conseil auprès de lui.

Merton, qui écrit dans un style qu’un grand public cultivé peut comprendre, a quelque chose à dire d’original, de neuf, tiré de sa propre vision du monde et de son avancée singulière dans ce monde. Ses premiers livres ont été des tâches imposées, mais le succès remporté en 1948 par son autobiographie La nuit privée d’étoiles a donné une impulsion nouvelle et une plus grande ouverture à cette tâche : relations professionnelles avec les éditeurs, correspondances, choix des sujets et des styles, etc.

En septembre 1968, Merton peut entreprendre un long voyage en Asie afin de participer à une conférence internationale, à Bangkok, concernant l’implication des moines et des moniales dans le dialogue interreligieux. En décembre, il donne la communication qu’il a préparée sur le thème « marxisme et perspectives monastiques ». Quelques heures plus tard, on le retrouve dans sa chambre, mort, électrocuté par un éventail défectueux.

Jacques Julien est écrivain. Il a connu les écrits de Thomas Merton à l’adolescence et pendant dix ans, il a vécu, comme lui, dans un monastère trappiste, l’abbaye de Notre-Dame-du-Lac à Oka. Après une première formation en Études médiévales, il a développé une spécialisation sur la chanson québécoise. À la fin de sa carrière d’enseignant universitaire, il a repris ses études en théologie et a soutenu une thèse sur la « Circonfession » de Jacques Derrida et les Confessions de saint Augustin (2002). Avec François Nault, il a publié Mouvements du croire (Médiaspaul, 2001) et Plus d’une voix (Cerf/Médiaspaul, 2011). Ses publications sur la chanson populaire, depuis Robert Charlebois (1987), Richard Desjardins (2007) et Leonard Cohen (2014), sont parues aux éditions Triptyque.

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