Séminaire du GRICIS: «Journalisme et nouvelles pratiques en matière de production et de diffusion d’informations»
514 987-3000, poste 6554
Site Web
Faculté de communication
Université du Québec à Montréal (UQAM)
Consulté 1916 fois
Première intervention : Des faiseurs d’opinion auto-déclarés : une étude de cas d’appropriation d’un dispositif radiophonique au Bénin
Henri Assogba, Professeur, Département d’information et de communication, Université Laval
Les émissions radiophoniques interactives également qualifiées de phone in ne sont pas en soi une nouveauté en matière de format radiophonique dans les grilles de programme. Ce genre d’émission apparu aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale s’est répandu sur tous les continents et connaît une nouvelle jeunesse au Bénin avec la croissance exponentielle de la téléphonie mobile (Chéneau-Loquay, 2010). La particularité de ce pays ouest-africain, c’est l’émergence d’un public d’auditeurs fidèles à ces émissions de libre antenne, quelle que soit la radio qui les diffuse. Se faisant passer pour des « faiseurs d’opinion », ces auditeurs très actifs et connus dans l’espace médiatique béninois tentent de s’institutionnaliser comme une composante essentielle de la « société civile ». Avec une démarche qui privilégie les interactions entre l’espace de réception et celui de la production, cette communication s’intéresse à cette forme d’appropriation d’un format radiophonique tout en interrogeant ses « vertus démocratiques ».
Deuxième intervention : Les relations publiques font-elles la Une? Enquête sur la marge de manœuvre des journalistes
Sophie Boulay, Professeure, Département de lettres et de communication sociale, UQTR
Chantal Francoeur, Professeure, École des médias, Faculté de communication, UQAM
Sylvain Rocheleau, Étudiant au doctorat en en informatique cognitive, TÉLUQ
Constance Tabary, Étudiante au doctorat en communication, UQAM
Les relations publiques développées dès le début du 20e siècle ont pris une place croissante dans nos sociétés depuis maintenant plusieurs décennies et ce, dès le début des années 1970 et l'entrée en crise du fordisme. Depuis, elles semblent être devenues progressivement une composante clé de la régulation des rapports sociaux dans nos sociétés. De plus, les agents qui déploient les relations publiques au sein des organisations ont bénéficié de tout un ensemble de technologies d'information et de communication (TIC) mises en place surtout à partir des années 1980. Nous sommes ainsi rentrés dans la période que Bernard Miège a qualifiée de « relations publiques généralisées » (Miège, 1995, 1997, 2007). L'ensemble des acteurs sociaux, qu'il s'agisse des constituantes de l'appareil d'État, des entreprises de toutes tailles ou encore des composantes des mouvements sociaux, se sont mis à communiquer sans cesse en se passant de plus en plus de toute médiation journalistique, par le biais de la mobilisation d'un vaste ensemble de TIC. À ce sujet comme à bien d'autres, le web a encore tenu un rôle notable d'accélérateur d'une tendance plus ancienne. Cette tendance contribue à favoriser le développement de ce que certains auteurs ont appelé la « communication publique ». Or, les journalistes se retrouvent confrontés à cette tendance sociétale, alors qu'eux-mêmes sont de plus en plus fragilisés. Non seulement leurs conditions de travail se détériorent dans de nombreux cas, mais ils s'interrogent sur leur identité en tant que professionnels de la production et de la diffusion d'informations. C'est leur - faible - autonomie dans le vaste champ des industries de l'information qui se pose de façon plus accrue que jamais.