Les interprétations des émeutes de novembre/décembre 2005 dans les banlieues françaises

Le 27 octobre 2005, la mort accidentelle de deux jeunes poursuivis par la police dans la commune pauvre de Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, déclenche les plus importantes émeutes urbaines qu’ait connues la France depuis mai 1968. Importantes, ces émeutes le sont par leur dimension nationale inédite (plusieurs centaines de quartiers concernés dans toute la France), par l’ampleur des dégâts matériels (10 000 véhicules et 300 bâtiments incendiés), par leur durée (près de trois semaines ponctuées par la déclaration de l’ « état d’urgence » le 8 novembre) mais aussi par les controverses politiques et scientifiques qu’elles ont suscitées, tant sur le profil et les motivations des émeutiers que sur la signification de ces évènements.

Lors de ce séminaire, nous reviendrons avec Gérard Mauger sur les interprétations contradictoires de ces émeutes, étant entendu que ces interprétations sont indissociables des évènements, auxquels elles donnent (ou au contraire dénient) un sens et une portée politique. Nous nous pencherons également sur la manière dont ces évènements peuvent être réinscrits dans le « temps long » des protestations et révoltes dans les quartiers populaires en France, mais aussi dans des formes anciennes de la délinquance juvénile dont Gérard Mauger est l’un des spécialistes reconnu.

Intervenant

Gérard Mauger est directeur de recherche émérite au CNRS, membre du Centre de sociologie européenne à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il est l’auteur de très nombreuses publications, parmi lesquelles : l’émeute de novembre 2005. Une révolte protopolitique, Editions du Croquant, coll. Savoir agir, 2006 ou encore La sociologie de la délinquance juvénile, Paris, La découverte, 2009.]

Discutants

Pascale Dufour, professeure au département de science politique de l’Université de Montréal et directrice du CPDS. Elle travaille notamment sur les mouvements sociaux et l’action collective, dans les espaces marginalisés. Elle est l’auteure de plusieurs publications parmi lesquelles : « Globalization and the Collective Action of the Socially Excluded in France : At the Heart of the Margins ? », French Politics, 7, 3-4, 2009 ; « From Protest to Partisan Politics. When and How Collective Actors Cross the Line ? », Canadian Journal of Sociology, 34, 1, 2009.

Massimiliano Mulone est professeur adjoint à l’Ecole de criminologie de l’Université de Montréal et membre du CICC. Il s’intéresse notamment aux logiques de production de la sécurité privée et à ses usages. Il est l’auteur de plusieurs articles parmi lesquels : « La marchandisation de la sécurité : facteur de responsabilisation des individus ou des entreprises ? », Déviance et société, 36, 3, 2012 ; « When private and public policing merge : Thoughts on commercial policing », Social Justice, 38, 1-2, 2012.