Pariah

Dee Rees | États-Unis | 2011 | 86 min | v.o.a. |
Alike (Adepero Oduye) vit plusieurs réalités à la fois. Pour son père Arthur, qui l’aime tendrement, elle est le fils qu’il n’a jamais eu. Pour Audrey (Kim Wayans), sa mère austère, elle est une non-conformiste qui fait fi des règles et s’intéresse trop à Laura. Pour Laura, Alike représente tout au monde. Pour Bina, elle est tout simplement la parfaite petite butch pour une aventure, et peut-être davantage. Mais la vraie Alike, celle qui compte, est celle qui est sur le point d’être une adulte. Aux prises avec tous ces liens affectifs, Alike doit faire la différence entre fuir et être libre. La réalisatrice-scénariste Dee Rees signe avec ce premier long métrage une version mature de son court métrage du même titre. Protégée de Spike Lee (un des producteurs du film), Rees brosse un tableau sensible, complexe et audacieusement érotique qui repose sur les couleurs primaires utilisées par Bradford Young pour souligner l’intensité du monde intérieur d’Alike. Une distribution brillante donne merveilleusement vie à ce portrait exacerbé de sexualités lesbiennes noires. Dans un paysage queer assoiffé de représentations complexes de relations entre butches et lesbiennes féminines au cinéma, Pariah est la rencontre entre Precious et The Colour Purple. Une oeuvre troublante, presque parfaite, sur le passage à l’âge adulte de la génération sexto.