Gebo Et l’ombre

À le voir toujours aussi actif et animé d’une fougue créative débordante, qui pourrait croire que le réalisateur Manoel de Oliveira est âgé de 103 ans? Sa magnifique adaptation française de la pièce de théâtre de Raul Brandão, écrite en 1923, donne un souffle nouveau à ce classique de la dramaturgie portugaise. L’action se déroule dans une petite ville côtière du Portugal, au tournant du XXe siècle. Les légendaires actrices Jeanne Moreau (UNE ESTONIENNE À PARIS, cette année à CINEMANIA) et Claudia Cardinale, tiennent le haut de l’affiche avec le chevronné Michael Lonsdale (DES HOMMES ET DES DIEUX). Quelle merveille d’admirer ce trio de comédiens accorder la cadence de leur jeu aussi parfaitement!

Gebo (Lonsdale) vit avec son épouse Doroteia (Cardinale) et sa belle-fille Sofia. La disparition du fils, João, huit ans auparavant, préoccupe toute la famille. Pleins d’espoir, ils prient tous pour son retour. Et, miraculeusement, le fils prodigue finit bel et bien par leur revenir. Est-ce vraiment la pauvreté de sa famille qui l’a poussé à les quitter? Ou le patriarche leur ment-il depuis toutes ces années? Seul Oliveira sait confectionner un film d’atmosphère aussi exquis doublé d’une dissection de la notion d’honneur chez une famille de petits-bourgeois déchus.

L’oeuvre d’Oliveira est un véritable tableau vivant, marqué par un usage virtuose de la lumière et l’élégante composition de chaque scène. La magie du grand chef opérateur Renato Berta, à qui l’on doit plus d’une centaine de films mémorables (dont le sublime AU REVOIR LES ENFANTS de Louis Malle), est à nouveau à l’œuvre.

2012 MOSTRA DE VENISE
SÉLECTION OFFICIELLE

2012 FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE TORONTO
SÉLECTION OFFICIELLE : Masters