American Way Of Life

Le projet « American Way of Life » fut monté et réalisé durant l’hiver 2010/2011 dans l’objectif d’établir plusieurs séries de portraits et de scènes de vie mettant en relief l’essence même de la société nord-américaine. Première puissance mondiale, porteuse d’une idéologie néolibérale, voire portée par celle-ci, chancre du self man made et temple de la consommation, les États-Unis sont largement dépeins et considérés selon des vues essentialistes. Au-delà de l’impérialisme culturel propageant la puissance américaine à travers le monde, le projet « American Way of Life » se voulait comme un prisme traversant le miroir hollywoodien. En saisissant sur le vif les scènes de vie, le quotidien, les habitudes de la population nord-américaine ou en immortalisant les portraits posés ou volés, des hommes, femmes et enfants la composant, ce projet eu pour ambition de redécouvrir et de restituer une culture ainsi qu’une société oubliée à elle même et largement fantasmée. Retraçant la découverte de trois mégalopoles autant étrangères que semblables de la East Cost, NYC, Miami et la Nouvelle-Orléans, les clichés réalisés ont rapidement évolué du portrait de rue classique à une approche moins conventionnelle, cherchant l’obscurité, les sous-expositions et contres jours, les atmosphères pesantes et les envers, plantant parfois un décor clinquant. Instinctive, cette évolution est moins une démarche artistique que la retranscription émotionnelle du photographe, saisi et naturellement inspiré par l’environnement étudié. Composée de clichés, d’éléments isolés et symbolisant les mythes autant que les réalités culturelles véhiculées par la société nord-américaine, de paysages sans réels contours, de portraits sans visages ou de sujets sans identités, cette première exposition du projet « American Way of Life » retranscrit le poids écrasant d’une société fantasmant sa propre image. Ici les êtres ne sont plus que des ombres, des spectres, des oubliés d’un paradis perdu ou jamais trouvé. Ces photos expriment le sentiment d’abandon d’une société de masse, pourtant havre de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés individuelles. L’individu y est déclassé, l’être déshumanisé et le citoyen transposé en tant que simple consommateur, tous portant une destinée ayant triomphé d’un certain manifeste. La prochaine exposition quant à elle lèvera le voile au travers de portraits et scènes de vies plus conventionnels afin de découvrir une réalité autre, plus humaine des populations nord-américaines entre mutisme, indignation, indifférence et émerveillement.