Je pense à Yu

Dates
Vendredi 27 avril 2012
Débute à 20:00

Autres dates
Jeudi 26 avril 2012
Samedi 28 avril 2012
Toutes les dates
Prix
Prix régulier: 29,57 $, prix à la porte: 21,74 $
Lieu
3900, rue Saint-Denis
Montréal, QC Canada
H2W 2M2

514 282-3900
Site Web | Itinéraire et carte
Catégories
Groupes
Source
La Vitrine culturelle



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(toutes dates)
Je pense à Yu

Carole Fréchette
Une création du Théâtre d’Aujourd’hui

Un matin glacial de février, dans l’appartement désordonné où elle vient d’emménager, Madeleine lit dans son journal un entrefilet à propos du journaliste chinois Yu Dongyue, libéré la veille, après 17 ans de prison pour avoir lancé, avec deux camarades, de la peinture sur le portrait de Mao pendant les événements de la Place Tienanmen, en 1989. Fortement touchée par cette petite nouvelle, Madeleine cherche à en savoir plus sur Yu et ses camarades, sur les circonstances qui les ont menés en prison. Négligeant son travail, repoussant les tâches domestiques qui l’attendent, refusant même de recevoir la jeune immigrante à qui elle donne des leçons de français, Madeleine s’enferme chez elle pour se plonger dans ces jours de mai 1989, alors que des centaines de milliers de personnes occupaient la Place Tienanmen. Mais sa retraite est perturbée par l’arrivée d’un homme qu’elle ne connaît pas, débarqué chez elle par hasard, et par la jeune immigrante qui réclame sans relâche les leçons dont elle a crucialement besoin pour amorcer sa nouvelle vie. Tous les trois, étrangers l’un à l’autre, réunis de façon inattendue, se trouvent confrontés à l’histoire de Yu Dongyue, Lu Decheng, Yu Zhijian. Le geste posé par ces hommes réels dans la Chine réelle de 1989 renvoie Madeleine, Lin et Jérémie à leur propre rapport au monde, au changement, au sacrifice, à l’espoir, au désespoir.

Entre la grande Histoire et la petite
Le 23 février 2006, un entrefilet dans mon journal du matin a attiré mon attention. On y annonçait que le journaliste chinois Yu Dongyue, 38 ans, venait d’être libéré après 17 ans d’incarcération pour avoir lancé de la peinture sur le portrait de Mao pendant les manifestations de la Place Tienanmen, en mai 1989. Torturé et mis en isolement à plusieurs reprises, l’homme souffrait désormais de maladie mentale. Cette nouvelle m’a saisie. J’étais d’abord horrifiée par la sévérité de la peine : 17 ans de prison pour une action qui n’a causé ni blessure, ni mort à aucun être vivant, puis j’étais attristée par les conséquences de cette peine sur la vie de Yu Dongyue qui a perdu sa jeunesse et sa raison pour avoir posé un geste strictement symbolique. Puis j’ai revu l’époque lointaine de mes 20 ans, alors que la figure de Mao Zedong était une source d’inspiration pour toute une jeunesse occidentale en quête d’un monde meilleur. Puis j’ai pensé au geste lui-même, lancer de la peinture sur le portrait d’un leader intouchable, à l’incroyable audace de ce geste, à sa puissance, à son caractère sacrilège et j’ai frissonné, toute seule dans ma cuisine. Puis, j’ai tapé Yu Dongyue sur Google et les évènements ont défilé sous mes doigts : les dizaines de milliers de personnes sur la Place Tienanmen pendant près de deux mois, la grève de la faim, le déploiement de l’armée autour de Beijing et au plus fort des manifestations, le geste de Yu Dongyue et de ses deux camarades, Lu Decheng, Yu Zhijian, leur arrestation, leur condamnation, etc.
Sans que je comprenne bien pourquoi, cette histoire survenue dans un ailleurs lointain, presque vingt ans auparavant, m’a profondément remuée. Elle m’est apparue si forte et si riche de sens que j’ai eu envie de m’en approcher. Mais pour la raconter, j’ai senti le besoin de passer par la sensibilité de personnages qui n’ont pas vécu cette tragédie, qui la regardent de loin, la laissent vibrer en eux et en cherchent le sens. Des personnages habités, comme nous tous, par leurs propres démons. Madeleine, d’abord, femme dans la cinquantaine, ex-militante en pleine remise en question, qui découvre dans son journal du matin le petit entrefilet au sujet de Yu Dongyue, Madeleine qui devient obsédée par cette histoire, y trouvant des échos à son propre passé et aux questions qui l’habitent ; puis Lin, jeune immigrante chinoise à qui Madeleine doit donner des leçons de français, Lin qui ne sait rien et ne veut rien savoir de Yu Dongyue ni des tourments du pays qu’elle a quitté ; et puis Jérémie, un voisin débarqué chez Madeleine par hasard, un homme solitaire, absorbé par le drame intime qui a marqué sa vie. J’ai construit la pièce en tension constante (et parfois en déchirements) entre ces trois personnages sortis de mon imagination et le geste posé par trois hommes réels dans la Chine réelle de 1989. Je pense à Yu se situe au cœur de la question qui me hante comme auteure : comment parler du monde sans faire abstraction de soi? Comment parler de soi sans oublier le monde? À la jonction de la grande Histoire et de la petite, du monde réel et de celui que j’invente, cette aventure m’a menée dans des zones inédites pour moi, où s’entremêlent fiction et documentaire. Elle a bousculé mon écriture. Elle m’a transformée.
Carole Fréchette


texte Carole Fréchette
mise en scène Marie Gignac
interprétation Marie Brassard, Marie-Christine Lê-Huu, Jean-François Pichette
assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
scénographie Jean Bard
costumes Cynthia Saint-Gelais
éclairages André Rioux
environnement sonore Philippe Brault
accessoires Loïc Lacroix Hoy
vidéo David Leclerc
maquillages Suzanne Trépanier

Informations et billets

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